ÉCRIRE CONTRE LA HAINE
L’une des missions essentielles de l’art et notamment de la littérature est de nous dessiller les yeux. Face à l’éclat toxique de la haine, la puissance silencieuse de l’écriture nous offre la plus efficace des armes.
Forte de ses convictions sur la culture, la LICRA vient de créer un concours littéraire ouvert à toutes les personnes majeures : il s’agit de rédiger une nouvelle qui mette en lumière les ravages provoqués par le racisme, l’antisémitisme et les discriminations de genre. Telle est la voie que nous ouvrons aux candidats.
Les statistiques concernant les actes racistes ne rendent pas compte du vécu des personnes discriminées. Derrière les chiffres, il y a la souffrance. L’agression verbale tout autant que physique provoque une émotion, une indignation, un sentiment d’injustice et quelquefois des séquelles inguérissables auxquelles le temps n’apporte pas l’oubli. Le sentiment d’isolement, de frustration, d’impuissance, d’exclusion face aux préjugés et face à la haine fondée sur la couleur, la religion ou le genre, outre le préjudice intime qu’elle instille comme un poison pérenne, crée des ruptures nocives pour le corps social. C’est le pacte de la sociabilité qui est rompu et l’idéal d’une société d’égalité dans la justice qui part en lambeaux. La haine de l’Autre, la volonté-même de ne voir en lui que des différences, le livrent pieds et poings liés au mépris et à la négation de sa dignité d’homme, de femme ou d’enfant. La haine renie de façon tragique les valeurs fondamentales de la vie en société et tout simplement les valeurs humaines.
Ces constats terribles se vérifient tous les jours : c’est pourquoi il importe d’agir sur les consciences. La lecture et l’écriture font souvent naître une empathie qui mesure et dénonce l’absurdité de la violence. La force d’un récit (si court soit-il) peut permettre au lecteur de surmonter le mur de l’indifférence et du mépris. Le récit littéraire, sans doute mieux que de longs discours, a le pouvoir de dépouiller le regard des scories du préjugé. Cette fête de l’écrit, conçue comme véhicule des valeurs défendues par la LICRA, invite les écrivains en herbe à entrer en résistance littéraire : résistance aux agressions racistes, antisémites, aux discriminations de genre, au harcèlement moral, à l’intolérance et au déni des droits de l’homme. À vous maintenant, qui ressentez le désir d’écrire, de mettre votre talent littéraire au service de vos convictions…
« Écrire contre la haine » est un concours de nouvelles qui court du 1er janvier 2024 au 31 mars 2024. Il est ouvert aux candidats de toutes nationalités pourvu qu’ils s’expriment en langue française. Mario Stasi, président de la LICRA, parraine ce concours qu’il accompagne depuis les premières heures de sa création. Les nouvelles présentées au comité de lecture seront ensuite soumises à un grand jury composé de personnalités reconnues pour leur professionnalisme en matière de littérature et également de quelques membres de la LICRA, lecteurs passionnés. Un nombre important des nouvelles retenues seront éditées par « La Rumeur libre » sous les auspices de la LICRA.
Claude Londner & Antony McKenna